Mathématiques et maîtrise de la langue : le constat


Stage proposé au Plan de formation 2002-2003
5 et 6 février 2003, Collège Victor Louis de Talence (33)
Équipe académique mathématique, Bordeaux, juin 2003

 

 

 

Certains élèves se présentent en sixième sans posséder les bases nécessaires concernant la lecture, l’écriture et l’expression orale. Or toute activité repose sur l’usage permanent de la langue française tant à l’oral qu’à l’écrit. Des élèves sont parfois incapables de lire, seuls, une consigne ; certains ont de bonnes idées, qu’ils arrivent à peu près à exprimer à l’oral, mais éprouvent de grandes difficultés à les organiser à l’écrit ; d’autres peuvent avoir une méconnaissance de certains mots du langage courant.

Ce constat peut être fait dans de nombreuses disciplines, mais revêt des aspects très spécifiques en Mathématiques. Faut-il demander un travail de remédiation au professeur de lettres ou faut-il que l’enseignant de Mathématiques travaille avec ses élèves la maîtrise de langue ?

 

Les utilisations de la langue en Mathématiques et leurs difficultés sont multiples :

—   Maîtrise de la langue et acquisition de nouvelles notions interfèrent dans une même situation ; l’élève a besoin de s’approprier un vocabulaire spécifique pour mettre en place de nouveaux savoirs et réciproquement, en construisant son savoir, il assoit les bases du langage pour pouvoir l’exprimer.

Les compétences de langue sont à la fois condition, moyen et conséquence de l’appropriation de nouvelles connaissances. Il est donc indispensable que l’enseignant de Mathématiques prenne en compte, durant son cours, les difficultés que l’élève rencontre dans cette acquisition, tant à l’oral qu’à l’écrit.

 

—   Un texte mathématique obéit à des règles bien particulières : il est condensé au maximum, son vocabulaire est très précis, un mot ne pouvant être que très rarement remplacé par un autre. De plus, chaque terme mathématique est porteur d’un grand nombre de renseignements.

Un texte mathématique contient donc une grande part d’implicite, que l’élève aura du mal à dégager si l’enseignant ne l’y aide pas.

 

—   À l’entrée en sixième, un élève connaît peu de notations et de vocabulaire mathématiques. De plus, il ne connaît qu’un seul mode d’écrit : le mode narratif. Il est en effet habitué à raconter selon un ordre chronologique, à avancer pas à pas dans sa rédaction (d’où les très fréquents « je prends mon compas, je plante la pointe sur le point A… » pour rédiger un programme de construction).

En outre l’élève est assez réticent à prendre son stylo pour chercher, tâtonner par écrit ou améliorer sa production. Pour lui, seul compte l’écrit définitif.

Comment l’aider à modifier cette vision de l’écrit ? Comment l'inciter à retravailler sa production ? Comment lui faire comprendre qu’écrire aide à penser, même en Mathématiques…

Ce travail d’évolution de la trace écrite peut se faire de façon privilégiée en classe de Mathématiques.