Deux approches d’un texte de Platon


Équipe académique mathématiques
mai 2002

 

 

 

Etude d’un texte extrait du « Ménon » de Platon :

I Dans le cadre de la classe de mathématiques.
II Dans le cadre de la classe de français.
III Annexe : retrouvez ces deux présentations et l’extrait du texte.

 

Etude dans le cadre de la classe de mathématiques

Dans un passage du « Ménon » étudié en classe de français, PLATON évoque un problème mathématique dans le but d’illustrer une idée défendue par SOCRATE.
Sans occulter la forme (questionnement, dialectique, maïeutique) ni le fond (thèse du ressouvenir) nous nous attacherons à analyser l’activité géométrique visant à étayer la théorie du vieux philosophe.

I. Lecture sélective :

o Extraire du texte le contenu mathématique en soulignant nettement les passages concernés.

II. Analyse détaillée du texte mathématique :

o Réécrire, en vis à vis du texte, les extraits soulignés en les « traduisant » en langage actualisé. (1ère colonne).
o Réaliser le « film » des constructions proposées. (2ème colonne).

III. Recensement des notions mathématiques en présence :

o Lister les notions mathématiques expressément évoquées.
o Relever les assertions qui peuvent paraître floues « en langage moderne ».
o Commenter la qualité de la démonstration.

Celle-ci vous paraît-elle rigoureuse
- dans son expression ?
- dans son principe ?

IV. Synthèse : résumé du cheminement guidé par SOCRATE :

o Enoncer simplement le problème posé.
o Commenter les deux essais infructueux. Réaliser dans chaque cas la figure utile.
o Résoudre par un raisonnement rigoureux le problème posé.
o Illustrer cette démonstration par
- une figure
- un pliage
- un découpage
- un fichier Géoplan .

V. Compléments :

o Citer des thèmes du cours de mathématique de collège en rapport avec le problème étudié.
o Etablir une brève chronologie des mathématiciens les plus éminents de la Grèce antique (du VIème au IIIème siècle avant JC).

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Etude dans le cadre de la classe de français

Objectifs liés à l’étude du français :

Ce texte permet d’aborder ou de réviser la notion d’énonciation.
La composition du texte, établie en fonction de l’alternance des locuteurs, fait apparaître une structure de mise en abyme qui, d’une part, fait partie intégrante de la stratégie dialectique, et qui, d’autre part, est là pour révéler tout le talent de Socrate.
On observera enfin tous les moyens techniques de l’argumentation.

I. Lecture préalable:

o Lecture de l’extrait par les élèves à la maison. Recherche éventuelle du vocabulaire jugé difficile. Recherche rapide sur Socrate.

II. Notion d’énonciation :

o Découverte ou révision de la notion d’énonciation : situation d’énonciation, locuteur (émetteur) / destinataire (récepteur), étude des pronoms, de l’emploi des temps, des déictiques ( ex. : « ici », « tout à l’heure » …)

III. Les personnages :

o Repérage des personnages en présence : leurs rapports, leurs desseins.

Socrate / Ménon : maître à penser / élève.
Ménon / Serviteur : maître / esclave.
Socrate / Serviteur : maître à penser / élève d’occasion.

IV. Construction du texte :

Etude de la construction du texte : repérage des différentes articulations du passage en fonction de l’intervention des locuteurs.

A. Echange initial Socrate / Ménon (page 6 lignes 1 à 20) :

La question préliminaire de Ménon (apprendre ou se ressouvenir ?) va entraîner tout le débat qui suit.
Première « passe d’arme » : Ménon risque de mettre Socrate en contradiction en lui demandant un enseignement, mais le philosophe évite le piège.
Deuxième étape : Ménon reformule sa demande et Socrate accepte de faire une démonstration pour prouver sa théorie.
On fait appel à un esclave. Ce qu’il faut trancher : « Dès lors, fait bien attention à l’impression qu’il pourra te donner : celle de se ressouvenir ou bien celle d’apprendre de moi. »

B. Echange Socrate / Serviteur (page 6 ligne 21 à page 7 ligne 21) :

Première partie de la recherche mathématique. L’esclave ne résout pas le problème posé par Socrate.
Repérage de la modalité dominante des phrases : phrases interrogatives.

C. Echange Socrate / Ménon (page 7 ligne 22 à page 8 ligne 1) :

Le philosophe fait à Ménon le bilan de l’échange précédent avec l’esclave. Il procède aussi par interrogations.
Elément-clé : « je ne lui enseigne rien, mais tout ce que je fais, c’est de le questionner. » (page 7 lignes 22-23).

D. Echange Socrate / Serviteur (page 8 ligne 2 à page 10 ligne 7) :

C’est la deuxième étape de la recherche mathématique … et le deuxième constat d’échec du jeune esclave !

E. Echange Socrate / Ménon (page 10 ligne 8 à page 11 ligne 5) :

Socrate fait pour Ménon le bilan de la situation du serviteur.
La méthode du philosophe est celle du doute : « en le plongeant dans la torpeur à la manière de la torpille » (page 10 lignes 19-20), « il sait qu’il ne sait pas » (page 10 ligne 23). Ce doute doit stimuler « l’envie de savoir » (page 10 ligne 31).
Socrate rappelle le seul principe du questionnement employé : « moi, qui ne ferai rien d’autre que de le questionner sans rien lui enseigner » (page 11 lignes 2-3), et ce, avec un certain humour : « Aie l’œil sur moi … sur ce qu’il pense. » (page 11 lignes 3-4-5).

F. Echange final Socrate / Serviteur (page 11 ligne 9 à la fin) :

Troisième et dernière étape de la recherche mathématique. Grâce au questionnement de Socrate, l’esclave parvient à la solution du problème.

G. Imaginons la teneur de l’échange qui suivrait entre Socrate et Ménon:

A quelle conclusion le philosophe a-t-il conduit Ménon ? Evoquer la théorie dite de la réminiscence.

V. De l’étude structurelle précédente, ressortent les constatations suivantes:

- Seul Socrate est présent au cours de chaque échange.
- Il utilise le même type de procédé pour faire découvrir la solution du problème à l’esclave et pour convaincre Ménon de la justesse de sa théorie.
- Il a deux « élèves » et deux buts, l’un philosophique (le premier par rapport à Ménon), l’autre mathématique (par rapport à l’esclave) ; mais ce second dessein correspond aussi au moyen utilisé pour atteindre le premier but fixé.

En fait l’échange avec le serviteur intervient à l’intérieur de l’échange initial avec l’hôte Ménon : on peut mettre en évidence une structure de mise en abyme.
(Remarque : il est peut-être hardi de parler « d’argumentation dans l’argumentation » comme on évoque par exemple le « récit dans le récit », dans la mesure où il s’agit surtout de « démonstration » auprès de l’esclave. Pourrait-on imaginer la « démonstration dans la démonstration » ?)

VI. Etude des outils de l’argumentation:

A. L’interrogation / le questionnement :
Evoquer la maïeutique (définition, montrer cette méthode à l’œuvre dans ce texte).
Etablir un parallèle entre, d’une part, les réponses courtes des deux « élèves » et, d’autre part, les questions posées par Socrate à la fois à Ménon et à l’esclave : ce sont des interro-négatives fort souvent et elles induisent en général la réponse.

B. L’emploi du mode conditionnel dans les interro-négatives suggère l’hypothèse et a également le mérite d’éviter l’affirmation péremptoire. Peut-être permet-il à l’élève de penser qu’il a le choix de la réponse à adopter…

C. L’emploi de formes issues du verbe supposer (« supposons » page 7 lignes 1 et 3,
« supposé » page 8 ligne 8 …) est attendu dans une démonstration.

D. Les mots-liens de l’argumentation :
Relever les occurrences des conjonctions ou adverbes :
- mais : marque l’opposition (ou le changement d’idée)
- or : terme de démonstration qui souligne un lien logique entre deux idées, deux faits.
Etablir la relation avec la notion de syllogisme, or introduisant la mineure des prémisses, avant la conclusion.
- alors (= « dans ce cas », ici) : sert à tirer une conclusion intermédiaire et aussi à relancer la reflexion.
- donc : introduit les conséquences ou la conclusion.

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