Deux approches dun texte de Platon |
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Équipe académique mathématiques |
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Etude dun texte extrait du « Ménon » de Platon :
I Dans le cadre de la classe de mathématiques.
II Dans le cadre de la classe de français.
III Annexe : retrouvez ces deux présentations
et lextrait du texte.
Etude dans le cadre de la classe de mathématiques
Dans un passage du « Ménon » étudié
en classe de français, PLATON évoque un problème mathématique
dans le but dillustrer une idée défendue par SOCRATE.
Sans occulter la forme (questionnement, dialectique, maïeutique) ni le
fond (thèse du ressouvenir) nous nous attacherons à analyser
lactivité géométrique visant à étayer
la théorie du vieux philosophe.
I. Lecture sélective :
Extraire du texte le contenu mathématique en soulignant nettement les passages concernés.
II. Analyse détaillée du texte mathématique :
Réécrire, en vis à vis du texte, les extraits soulignés en les « traduisant » en langage actualisé. (1ère colonne).Réaliser le « film » des constructions proposées. (2ème colonne).
III. Recensement des notions mathématiques en présence :
Lister les notions mathématiques expressément évoquées.Relever les assertions qui peuvent paraître floues « en langage moderne ».Commenter la qualité de la démonstration.
Celle-ci vous paraît-elle rigoureuse
- dans son expression ?
- dans son principe ?
IV. Synthèse : résumé du cheminement guidé par SOCRATE :
Enoncer simplement le problème posé.Commenter les deux essais infructueux. Réaliser dans chaque cas la figure utile.Résoudre par un raisonnement rigoureux le problème posé.Illustrer cette démonstration par
- une figure
- un pliage
- un découpage
- un fichier Géoplan .
V. Compléments :
Citer des thèmes du cours de mathématique de collège en rapport avec le problème étudié.Etablir une brève chronologie des mathématiciens les plus éminents de la Grèce antique (du VIème au IIIème siècle avant JC).
Etude dans le cadre de la classe de français
Objectifs liés à létude du français :
Ce texte permet daborder ou de réviser
la notion dénonciation.
La composition du texte, établie en fonction de lalternance des
locuteurs, fait apparaître une structure de mise en abyme qui, dune
part, fait partie intégrante de la stratégie dialectique, et
qui, dautre part, est là pour révéler tout le talent
de Socrate.
On observera enfin tous les moyens techniques de largumentation.
I. Lecture préalable:
Lecture de lextrait par les élèves à la maison. Recherche éventuelle du vocabulaire jugé difficile. Recherche rapide sur Socrate.
II. Notion dénonciation :
Découverte ou révision de la notion dénonciation : situation dénonciation, locuteur (émetteur) / destinataire (récepteur), étude des pronoms, de lemploi des temps, des déictiques ( ex. : « ici », « tout à lheure » )
III. Les personnages :
Repérage des personnages en présence : leurs rapports, leurs desseins.
Socrate / Ménon : maître à penser
/ élève.
Ménon / Serviteur : maître / esclave.
Socrate / Serviteur : maître à penser / élève doccasion.
IV. Construction du texte :
Etude de la construction du texte : repérage des différentes articulations du passage en fonction de lintervention des locuteurs.
A. Echange initial Socrate / Ménon (page 6 lignes 1 à 20) :
La question préliminaire de Ménon (apprendre
ou se ressouvenir ?) va entraîner tout le débat qui suit.
Première « passe darme » : Ménon risque de
mettre Socrate en contradiction en lui demandant un enseignement, mais le
philosophe évite le piège.
Deuxième étape : Ménon reformule sa demande et Socrate
accepte de faire une démonstration pour prouver sa théorie.
On fait appel à un esclave. Ce quil faut trancher : « Dès
lors, fait bien attention à limpression quil pourra te
donner : celle de se ressouvenir ou bien celle dapprendre de moi. »
B. Echange Socrate / Serviteur (page 6 ligne 21 à page 7 ligne 21) :
Première partie de la recherche mathématique.
Lesclave ne résout pas le problème posé par Socrate.
Repérage de la modalité dominante des phrases : phrases interrogatives.
C. Echange Socrate / Ménon (page 7 ligne 22 à page 8 ligne 1) :
Le philosophe fait à Ménon le bilan de
léchange précédent avec lesclave. Il procède
aussi par interrogations.
Elément-clé : « je ne lui enseigne rien, mais tout ce
que je fais, cest de le questionner. » (page 7 lignes 22-23).
D. Echange Socrate / Serviteur (page 8 ligne 2 à page 10 ligne 7) :
Cest la deuxième étape de la recherche mathématique et le deuxième constat déchec du jeune esclave !
E. Echange Socrate / Ménon (page 10 ligne 8 à page 11 ligne 5) :
Socrate fait pour Ménon le bilan de la situation
du serviteur.
La méthode du philosophe est celle du doute : « en le plongeant
dans la torpeur à la manière de la torpille » (page 10
lignes 19-20), « il sait quil ne sait pas » (page 10 ligne
23). Ce doute doit stimuler « lenvie de savoir » (page 10
ligne 31).
Socrate rappelle le seul principe du questionnement employé : «
moi, qui ne ferai rien dautre que de le questionner sans rien lui enseigner
» (page 11 lignes 2-3), et ce, avec un certain humour : « Aie
lil sur moi
sur ce quil pense. » (page 11 lignes
3-4-5).
F. Echange final Socrate / Serviteur (page 11 ligne 9 à la fin) :
Troisième et dernière étape de la recherche mathématique. Grâce au questionnement de Socrate, lesclave parvient à la solution du problème.
G. Imaginons la teneur de léchange qui suivrait entre Socrate et Ménon:
A quelle conclusion le philosophe a-t-il conduit Ménon ? Evoquer la théorie dite de la réminiscence.
V. De létude structurelle précédente, ressortent les constatations suivantes:
- Seul Socrate est présent au cours de chaque
échange.
- Il utilise le même type de procédé pour faire découvrir
la solution du problème à lesclave et pour convaincre
Ménon de la justesse de sa théorie.
- Il a deux « élèves » et deux buts, lun philosophique
(le premier par rapport à Ménon), lautre mathématique
(par rapport à lesclave) ; mais ce second dessein correspond
aussi au moyen utilisé pour atteindre le premier but fixé.
En fait léchange avec le serviteur intervient
à lintérieur de léchange initial avec lhôte
Ménon : on peut mettre en évidence une structure de mise en
abyme.
(Remarque : il est peut-être hardi de parler « dargumentation
dans largumentation » comme on évoque par exemple le «
récit dans le récit », dans la mesure où il sagit
surtout de « démonstration » auprès de lesclave.
Pourrait-on imaginer la « démonstration dans la démonstration
» ?)
VI. Etude des outils de largumentation:
A. Linterrogation / le questionnement :
Evoquer la maïeutique (définition, montrer cette méthode
à luvre dans ce texte).
Etablir un parallèle entre, dune part, les réponses courtes
des deux « élèves » et, dautre part, les questions
posées par Socrate à la fois à Ménon et à
lesclave : ce sont des interro-négatives fort souvent et elles
induisent en général la réponse.
B. Lemploi du mode conditionnel dans les interro-négatives suggère lhypothèse et a également le mérite déviter laffirmation péremptoire. Peut-être permet-il à lélève de penser quil a le choix de la réponse à adopter
C. Lemploi de formes issues du verbe supposer
(« supposons » page 7 lignes 1 et 3,
« supposé » page 8 ligne 8
) est attendu dans une
démonstration.
D. Les mots-liens de largumentation :
Relever les occurrences des conjonctions ou adverbes :
- mais : marque lopposition (ou le changement didée)
- or : terme de démonstration qui souligne un lien logique entre deux
idées, deux faits.
Etablir la relation avec la notion de syllogisme, or introduisant la mineure
des prémisses, avant la conclusion.
- alors (= « dans ce cas », ici) : sert à tirer une conclusion
intermédiaire et aussi à relancer la reflexion.
- donc : introduit les conséquences ou la conclusion.