Algèbre linéaire et comptabilité nationale |
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Applications des mathématiques Odile Moreau, professeur au lycée Victor Louis de Talence n°6, mai 1998 |
Une nouveauté des programmes de mathématiques de Terminale ES, qui entreront en application à la prochaine rentrée, est lapport de connaissances de géométrie dans lespace ; elles permettront aux futurs étudiants de mieux aborder lalgèbre linéaire dont voici une application à un problème issu des Sciences Économiques et Sociales - cest un des exemples présentés en atelier lors des journées inter-académiques de Toulouse (cf. RéciproqueS n°5). Ce texte a été directement inspiré par le livre " Comptabilité nationale " dÉdith Archambault aux éditions Economica, suite à un travail interdisciplinaire avec G. Caplanne, professeur déconomie au Lycée Montaigne de Bordeaux.
Pour les comptes dune nation, on regroupe les unités de production par branches (agriculture, industrie, commerce...) et par produits (produits de lagriculture, de lindustrie, etc.)
Un tableau à double entrée, appelé tableau dentrées-sorties (T.E.S.) - qui permet par ailleurs de définir le produit intérieur brut - résume, pour chaque branche et chaque produit : la production, la consommation, les importations, les exportations, les droits de douane, les marges, la T.V.A., les variations de stock...
Toutes ces quantités sont exprimées en unité monétaire : on ne compte pas les kilos de farine mais les francs que fourniront ces kilos de farine.
Étudions un T.E.S. très simplifié, ne comportant que trois branches (I : agriculture, II : industrie, III : services) et trois produits (de lagriculture, de lindustrie et des services), et négligeant les relations avec lextérieur, les marges, les stocks, la T.V.A...
Pour chaque produit et chaque branche il faut distinguer la consommation finale et la consommation intermédiaire (CI) ; par exemple, de la farine utilisée pour nourrir du bétail que lon vendra est comptée comme consommation intermédiaire, tandis que de la farine utilisée pour les crêpes familiales est comptée comme consommation finale.
T.E.S.simplifié :
(en milliards de francs, chiffres de 1975)
branche produit |
I |
II |
III |
S |
Consommation |
Production |
I |
150 |
10 |
30 |
190 |
110 |
300 |
II |
35 |
390 |
80 |
505 |
495 |
1000 |
III |
15 |
100 |
90 |
205 |
395 |
600 |
Les consommations intermédiaires sont notées dans le tableau encadré dun trait double. La première colonne de ce tableau se lit ainsi : lagriculture utilise pour 150 Mds F de produits agricoles, pour 35 Mds F de produits de lindustrie, pour 15 Mds F de services. La première ligne se lit : des produits de lagriculture, 150 Mds F sont réutilisés par lagriculture, 10 Mds F servent à lindustrie, 30 Mds F sont utilisés par les services et 110 Mds F sont utilisés pour la consommation finale. La production totale agricole fournit donc 300 Mds F (150+10+30+110).
Pour utiliser ce tableau, son créateur Leontief (prix Nobel déconomie 1973) a émis lhypothèse suivante :
Les coefficients techniques
restent constants dune année sur lautre.
La matrice A des coefficients techniques est donc :
On obtient alors AX = S .
Or X = S + Y. Doù X = AX + Y et Y = (I - A)X où I est la matrice unité.
Conséquences : si lannée prochaine nous avons une production X, nous savons que nous pourrons disposer dune consommation finale Y = (I - A)X. Si nous prévoyons pour lannée prochaine une consommation finale Y, pour y faire face il faudra une production X = (I - A)-1 Y.