La simulation numérique pour la science et la technologie |
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Applications des mathématiques Jean Ovadia - Ingénieur au CEA / CESTA Commissariat à lÉnergie Atomique Centre dÉtudes Scientifiques et Techniques dAquitaine n°7, décembre 1998 |
La simulation numérique a vu le jour en 1943 à Los Alamos, dans le cadre du projet Manhattan qui a abouti à la création des premières armes nucléaires. Depuis, les progrès de lanalyse numérique, conjugués à la puissance croissante des ordinateurs, ont permis détendre considérablement le domaine dapplication de la simulation numérique. Aujourdhui presque toutes les sciences de la matière, du vivant, de léconomie y ont recours.
Létude dune situation réelle repose tout dabord sur une étude physique (ou biologique, économique ), qui aboutit à un modèle plus ou moins proche de la réalité, et qui sexprime souvent par lensemble dun système déquations aux dérivées partielles, de conditions initiales, et de conditions aux limites ; par exemple, la diffusion thermique dans un parallélépipède métallique est traduite par :
• léquation , où T est la température à la date t au point de coordonnées (x, y, z) et a une constante dépendant du matériau ;
• la donnée de la température initiale en chaque point à lintérieur du parallélépipède ;
• la donnée de la répartition de température en chaque point de la surface du parallélépipède (répartition imposée par lextérieur).
La simulation numérique nécessite de remplacer le système déquations continues par un ensemble déquations discrètes (voir exemple). Une programmation permet ensuite de traduire en langage accessible à un ordinateur lalgorithme de résolution. Le rôle de lanalyse numérique est de démontrer la convergence de la solution approchée vers la solution " exacte ".
Exemple
Soit à résoudre léquation différentielle notée (1) : y = y, où y est une fonction de x qui vaut 1 en x = 0 (condition initiale).
Si e est petit, on peut assimiler y(x) à (y(x+e )-y(x)) / e
et léquation (1) devient : y(x+e ) »
y(x)*(1+e ) ; connaissant y(0), on peut calculer
y(e ), puis y(2e ), et ainsi de suite. On calcule en fait les termes dune
suite (yn) (définie par
yn = y(n*e )) selon la relation
de récurrence : yn+1 = yn*(1+e ) et y0
=1.
On a donc bien remplacé le système continu de départ (x parcourt 3 ) par un système discret (on calcule y(x) pour les valeurs de x multiples de e ).
La confrontation simulation / expérimentation peut conduire à une remise en cause aussi bien du modèle physique que de la méthode numérique.
Elle constitue un point de rencontre entre physiciens (ou biologistes ) et mathématiciens.
À ses débuts, la simulation numérique avait principalement pour objet de réduire les coûts et les délais, en suppléant à des expériences dont la modélisation était parfaitement maîtrisée. Dans une deuxième étape, elle a contribué à linnovation technique, en permettant de prendre en compte des modèles physiques plus complets et daccéder à des informations difficiles à obtenir par les mesures. Maintenant, elle aide également à lélaboration de nouveaux modèles physiques, par exemple en intégrant par le calcul les effets dun grand nombre de phénomènes simples.
Les grands projets scientifiques et techniques du CEA sont développés dans le cadre dune démarche interactive entre théorie, simulation et expérimentation. Par exemple, le projet de laser mégajoule, en cours de réalisation au CEA/CESTA, permettra de réaliser des expériences dans le domaine dénergie du thermonucléaire (étoiles ou armes) afin détudier certains phénomènes physiques.
Les résultats expérimentaux obtenus seront aussi utilisés pour valider différentes parties des modèles physico-numériques employés dans les logiciels de simulation des armes nucléaires. Il sera ainsi possible de mettre au point par le calcul certains dispositifs sans procéder à des expériences globales en vraie grandeur.
Aujourdhui, les diverses branches des mathématiques appliquées concourent de plus en plus à la compréhension et à laction sur le réel. Aussi, de nombreux scientifiques partagent-ils lidée émise par John von Neumann que le monde dans sa totalité relève du champ dintervention des mathématiques.