Réciproques n°8, mars 1999

L’œil d’Horus

D’après les indications de F. Saugeon (collège de Blaye)

 

oeil

L’œil d’Horus se dit oudjat en égyptien ce qui veut dire "complet". Il représente un œil humain fardé et souligné de deux marques colorées caractéristiques du faucon pèlerin. Les Égyptiens l’utilisaient pour indiquer les fractions du hékat, unité de mesure de capacité qui servait pour les céréales, les agrumes et les liquides (un hékat valait environ 4,785 litres). C’est dans la légende des dieux Osiris et Horus qu’il faut chercher l’origine vraisemblable de cette curieuse notation.

Osiris, premier souverain de la terre d’Égypte, avec l’aide de Thot, maître suprême de l’arithmétique, de la parole et des scribes, initie les Égyptiens à l’écriture, à la science et à la magie. À l’opposé, son frère Seth, incarnation du mal, est jaloux et hait Osiris en raison de l’affection que tous lui portent. Seth tue Osiris puis s’en prend à son fils posthume Horus. Au cours d’un combat, Seth arrache l’œil gauche d’Horus, le coupe en six morceaux et le jette dans le Nil. À l’aide d’un filet, Thot récupère les morceaux mais il en manque un ! Thot le rajoute et rend à Horus son intégrité vitale. La somme des fractions de l’oudjat ne fait que 63/64 ; le 1/64 manquant est le liant magique ajouté par Thot pour permettre à l’œil de fonctionner.

Ainsi l’oudjat devint-il par la suite pour les Égyptiens, symbole de lumière et de connaissance (œil du faucon qui voit tout), d’intégralité physique, d’abondance et de fertilité. Et afin de commémorer à tout jamais la lutte du Bien contre le Mal, ainsi que pour garantir la voyance totale, la fécondité universelle et de bonnes récoltes, les scribes comptables employèrent l’oudjat. Un élève-scribe fit un jour remarquer à son maître que le total des fractions de l’oudjat ne donnait pas 1 ; il lui fut répondu que le 1/64 manquant pour parfaire l’unité serait toujours fourni par Thot au calculateur qui se placerait ainsi sous sa protection...