TICE à bon escient

Réciproques, Carte blanche à Claude Felloneau
IA-IPR de Mathématiques
n°17, mars 2002

 

La société se transforme. Tous les jours, l’informatique envahit un peu plus notre quotidien et celui de la plupart des élèves. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le regrette, c’est une réalité à prendre en compte. L’usage des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) commence à se répandre dans les classes. Les programmes de mathématiques, à tous les niveaux du lycée et du collège, incitent à leur utilisation. Il ne faut certainement pas y voir seulement un effet de mode mais au contraire une possibilité de diversifier l’enseignement des mathématiques.

L’objectif fondamental reste l’acquisition de la démarche mathématique ; identifier un problème, expérimenter sur des exemples, formuler des conjectures, puis au stade ultime en élaborer une démonstration, demeurent des moments essentiels de l’activité mathématique. Force est de constater que l’expérimentation et la formulation de conjectures restent fréquemment négligées. Dans ces conditions, apprend-on réellement aux élèves à résoudre un problème ?

Les logiciels mis aujourd’hui à notre disposition constituent de formidables outils d’investigation et d’exploration de problèmes. Ils apportent une aide précieuse pour visualiser une situation, améliorer la compréhension d’un nouveau concept, expérimenter, puis conjecturer comme l’illustrent les exemples choisis dans les pages suivantes. Certes, ils ne fournissent pas la démonstration mais présentent l’avantage d’accroître la motivation des élèves et surtout de stimuler leur réflexion et de faire émerger naturellement des questions en les amenant à faire preuve d’imagination et de créativité. Il est indéniable, par exemple, que les études de lieux géométriques se trouvent véritablement modifiées par l’apport des logiciels de géométrie dynamique qui permettent de repérer rapidement les invariants d’une figure et donc d’ouvrir des pistes de résolution. De façon analogue, la visualisation de figures dans l’espace, de sections de solides, la possibilité d’obtenir différentes représentations d’un objet, celle de choisir un plan isolé permettent de rectifier une vision défaillante dans l’espace et offrent maintes occasions de s’interroger et de faire naître de véritables questions mathématiques. De même, les outils de calcul, en particulier les tableurs, les grapheurs, sans oublier les calculatrices graphiques, offrent d’intéressantes possibilités d’approche, d’analyse et de modélisation de situations dont l’étude manuelle deviendrait vite fastidieuse.

Par ses divers apports à l’enseignement des mathématiques, l’informatique est devenue incontournable, mais elle n’a pas vocation à devenir l’outil exclusif.  Dans chaque situation étudiée, il revient à l’enseignant de s’interroger sur la pertinence de son usage pour améliorer la compréhension des élèves. Selon le thème abordé et l’objectif visé, le choix du type d’organisation, utilisation en classe devant tous les élèves ou en salle informatique pour une recherche individuelle, est primordial. L’intégration de ce nouvel outil dans une pratique quotidienne nécessite une réflexion  didactique dont le professeur ne peut faire l’économie et qu’il est certainement préférable de mener en équipe dans un établissement.

De plus en plus de professeurs essaient d’utiliser les TICE et observent que l’activité mathématique de leurs élèves s’en trouve enrichie. Certains hésitent encore. Je ne peux que les encourager à passer « à l’acte » en exploitant les activités disponibles sur le site académique.