Liaison troisième / seconde


Zone d'Animation Pédagogique de Mérignac-Pessac
Réunion du 29 janvier 2003 (après midi)
au lycée Fernand Daguin de Mérignac (Gironde)

 

Plan de la demi-journée

¤ Réunion plénière des collègues des deux disciplines : la motivation des élèves pour l'enseignement scientifique et leur adaptation à la classe de seconde

¤ Ateliers disciplinaires

- atelier de Sciences physiques et chimiques : réflexions sur le "métier d'élève" et la nécessité du travail personnel

- atelier de Mathématiques : réflexions et travaux sur le calcul littéral

 

 

Réunion plénière des collègues des deux disciplines

Généralités

Lors d'une réunion de chefs d'établissements en ZAP de Mérignac-Pessac, il a été proposé la mise en place d'une journée de réflexion sur l'orientation vers les filières scientifiques, sur la base d'un travail interdisciplinaire.

"La désaffection des bacheliers S pour les études scientifiques est une préoccupation actuelle forte ; il nous a semblé intéressant d'organiser une séance de travail entre professeurs de Mathématiques et de Physique des collèges et lycées de Mérignac et Pessac à ce sujet" déclarait Monsieur Barrul, Proviseur du lycée Fernand Daguin de Mérignac et organisateur de cette réunion, qui, avec Monsieur Charbey Proviseur Adjoint et Monsieur Maingeau, principal adjoint du collège G.Philippe de Pessac, accueillait les collègues dans son établissement.

Monsieur Jean-Pierre Dubos, IA-IPR de Sciences Physiques et Monsieur Xavier Sorbe, IA-IPR de Mathématiques, accompagnés de membres des équipes académiques des deux disciplines, animaient les travaux.

 

Monsieur Dubos soulignait qu'en amont du problème de la motivation des élèves pour l'enseignement scientifique, se pose celui de l'adaptation des élèves sortant de collège et entrant en seconde. Il indiquait quelques chiffres : le taux de doublement en fin de seconde est de 16,67 % dans la ZAP et de 17 % en Gironde, celui en fin de première scientifique étant de 13 % dans la ZAP et 10,6 % en Gironde. Monsieur Sorbe citait un autre indicateur, celui de l'orientation vers les études scientifiques universitaires : en 1995, 44 % des bacheliers S se dirigeaient vers ces études ; en 2001, ils n'étaient plus que 36 % (plus d'informations) alors que le pourcentage d'élèves de terminale S par rapport à l'effectif de terminale de l'année n'a pas fléchi (plus d'informations).

 

On enregistre de plus une baisse préoccupante du nombre de candidats aux CAPES de Mathématiques et de Sciences physiques. Or le goût des élèves pour les études scientifiques n'est pas complètement indépendant de la façon dont les professeurs enseignent !

Monsieur Dubos invitait alors les collègues à s'exprimer sur ce qui leur semblait expliquer les difficultés des élèves en seconde générale, en précisant en quoi ils sont en difficulté.

Il exprimait enfin le souhait que cette réunion se prolonge au sein des établissements au-delà de cette journée, par la mise en place de quelques chantiers.

 

L'échange entre les collègues

(volontairement limité à 45 mn pour dégager assez de temps pour le travail en atelier)

- la première difficulté porte sur le travail : "je trouve que tu ne travailles pas assez" ai-je reproché à un élève de 2de qui est un "bon élève". "Mais, je ne comprends pas ce que vous voulez dire par "travailler" ", a rétorqué ce dernier.

- en sortant de collège, ils savent en général qu'ils vont avoir à travailler davantage ; or, ils ressentent une plus grande impression de liberté dès qu'ils sont en lycée (facilité d'entrée et sortie de l'établissement, moins de comptes à rendre, ...)

- Monsieur Dubos : il semblerait que la nécessité du travail en collège, hors les murs, ne soit pas uniformément acceptée par les enseignants. Sommes-nous, en tant que professionnels de l'éducation, convaincus de cette nécessité ?

- certains collègues ou chefs d'établissement pensent que cela ne fait que renforcer certaines inégalités sociales et que tout le travail fait doit l'être au collège.

 

- Monsieur Barrul : les conseillers d'orientation du lycée ont procédé au mois de novembre à une enquête déclarative auprès de 460 élèves de seconde ; cette enquête s'est faite dans chaque classe de seconde et a ensuite été agrégée au niveau du lycée.

À la question : "D'un point de vue scolaire, quelle réponse apporteriez-vous :

- je me sens en grande difficulté

- je me sens en difficulté

- j'ai l'impression que ça va

- je me sens à l'aise "

2,7 % des élèves répondent qu'ils se sentent en grande difficulté et 39,5 % en difficulté : plus de 42 % des élèves se sentent donc en difficulté dès le troisième mois de classe.

Quant à la question "À combien de temps en moyenne estimez-vous votre travail quotidien ?"

en semaine (du lundi au vendredi) :

34 % travaillent moins d'une heure par jour

42 % travaillent entre de une heure à moins de deux heures par jour

durant le week-end (samedi et dimanche - il n'y a pas de cours au lycée le samedi matin) :

11 % travaillent mois d'une heure pendant le week-end
19 % travaillent de 1 heure à moins de 2 heures
23 % travaillent deux heures

 

76 % des élèves travaillent donc moins de deux heures par jour, du lundi au vendredi, et 53 % travaillent au plus deux heures le week-end.

 

- Monsieur Sorbe : que faisons-nous pour que les règles du jeu soient claires ? Et pour qu'il y ait une certaine continuité entre nos pratiques en collège et en lycée ?

- au collège, un bon élève n'a pas besoin de beaucoup de temps de travail pour réussir. Les habitudes de travail ne sont pas spontanément prises.

- nous insistons beaucoup en collège sur le contrôle du travail : qu'en est-il au lycée ?

- bien souvent, nous n'avons pas le temps, ou ne prenons pas le temps, de vérifier que le travail a été fait.

- Monsieur Charbey : le travail personnel, qu'est-ce que c'est ? Savent-ils eux, ce que c'est ? De plus, le comportement de la classe est-il le même en mathématiques et en sciences physiques ?

- beaucoup d'élèves croient avoir travaillé en lisant le cours ou en regardant des exercices corrigés.

- c'est une des choses les plus difficiles : leur faire comprendre ce que travailler signifie !

 

- Monsieur Dubos : au collège, il faut mettre en synergie la maîtrise de la langue française et l'initiation au raisonnement scientifique, d'où la nécessité pour les élèves de construire des phrases complètes, à l'oral et à l'écrit. Il n'est pas bon, pour leur relation à l'enseignement scientifique, que les élèves pensent que " les sciences c'est du calcul" !

 

- il y a aussi le problème de la concentration - ou du manque de concentration, plutôt- en cours. Ceux qui ont la capacité de se concentrer de façon durable ont moins de travail à faire ; mais, même dans une classe de terminale S, il est devenu difficile d'obtenir de la part des élèves une concentration soutenue pendant une heure et demie. Dans une classe de seconde, on ne peut plus faire une séance d'une heure de façon traditionnelle.

- Monsieur Dubos : la notion de travail personnel est sûrement mal comprise par l'élève ; il faut lui faire sentir l'importance de sa présence "efficace" en classe avec ses professeurs et lui faire redécouvrir le "métier d'élève" en classe et hors les murs. Comment faire pour que les élèves intègrent mieux ces obligations ?

- il y a une forte évolution dans le comportement des élèves : écouter, participer ne va plus de soi.

- donnons-nous aux élèves une image des Sciences qui ne soit pas trop scolaire ?

- par ailleurs, est-ce que nous ne pâtissons pas d'une image des Sciences très altérée par différents problèmes : pollution, OGM, clonage, etc. ?

- il faudrait se demander pourquoi, en fin de seconde, ceux qui se dirigent vers une filière scientifique le font. Y a-t-il un vrai projet scientifique derrière ce choix ? Nous savons bien que c'est loin d'être le cas.

- en 95-96 a été supprimé le bac D ; cela n'a-t-il pas eu une certaine influence sur ce que nous constatons maintenant ?

 

- l'image des sciences a évolué certes, mais ce n'est pas la seule ; l'image du travail et du temps de travail a également beaucoup changé : nous sommes dans une société qui valorise énormément les loisirs, et les jeunes savent actuellement très "froidement" peser les divers avantages et inconvénients ; se diriger vers les Sciences, voire vers l'enseignement des sciences : pour quelles conditions de travail, quelle quantité de travail, quel salaire ?

 

Ateliers disciplinaires

¤ Atelier de sciences physiques et chimiques : réflexions sur le "métier d'élève" et la nécessité du travail personnel.

¤ Atelier de mathématiques : travail sur le calcul littéral ou algébrique, de la classe de sixième à celle de seconde.