Aide individualisée en seconde


Réunion du 2 octobre 2002
au lycée Nord Bassin d’Andernos
Équipe académique Mathématiques

 

 

Quels élèves choisir pour l’aide individualisée, comment leur présenter les heures d'aide, que traiter durant ces heures, comment évaluer ce dispositif, comment conjuguer l’aide en Mathématiques et l’aide en Français ?

C'est sur ces questions et bien d’autres que se sont penchés les professeurs de Français et de  Mathématiques du lycée d’Andernos, lors d’une demi-journée de travail animée par Mme Nicole Jean-Paraillous, IA-IPR de Lettres, M. Xavier Sorbe, IA-IPR de Mathématiques et des membres des équipes académiques Lettres et Mathématiques.

Il nous a paru intéressant d'organiser cette demi-journée, déclarait en introduction M. Pernet, Proviseur du lycée d’Andernos, en associant autant les collègues de Lettres et de Mathématiques qui pratiquent déjà l’aide individualisée en seconde que ceux qui ne l'ont jamais pratiquée.

Le lycée Nord Bassin d'Andernos se trouve dans une zone à fort développement démographique : augmentation des effectifs du lycée de plus de 30 % en six ans, cinquante élèves de plus cette année au collège d'Andernos, des évolutions analogues dans les collèges d'Audenge et de Lège. On constate que les doublements en fin de seconde sont en général légèrement supérieurs à la moyenne académique, et les résultats au baccalauréat, honorables ou moyens suivant les années, légèrement inférieurs aux moyennes académiques et légèrement inférieurs aux moyennes attendues. On constate aussi qu'à l'entrée en sixième les évaluations sont meilleures que la moyenne, mais qu'en troisième les tendances s'inversent ; en lycée, on n'accentue pas les tendances, mais on ne les "rattrape" pas non plus.

Il nous a donc paru important de faire de l'accueil et du suivi des élèves en seconde un des points forts du projet d'établissement  qui consacre également un volet à l'accueil de populations d'élèves de plus en plus hétérogènes ; la pratique de l'aide individualisée en seconde s'inscrit donc parfaitement dans la poursuite de ces deux objectifs.

M. Sorbe soulignait que les travaux personnels encadrés et l’aide individualisée ont été introduits par la réforme des lycées, mais que les TPE ayant quelque peu monopolisé la réflexion, l'AI avait fait l'objet de moins de travaux.

Que faire donc pour permettre aux élèves de progresser ? Et comment organiser cette action ?

 

Plan de la demi-journée

— Réunion plénière des collègues des deux disciplines : en partant des expériences vécues en aide individualisée, quelles sont les grandes questions de fond et d'organisation qui se posent, communes ou non aux deux disciplines ?

— Ateliers disciplinaires

atelier de mathématiques : quelques réflexions concernant l’aide individualisée et quelques exemples de travaux possibles.

 

I- Réunion plénière des collègues des deux disciplines

 

Généralités quant au fonctionnement de l’aide au sein du lycée

Le dispositif et les objectifs de l’aide individualisée sont présentés aux parents lors des réunions de rentrée.

Au tout début de l’année, les professeurs de Lettres et de Mathématiques se réunissent pour préciser certains objectifs. Les heures d’aide dans les deux disciplines ne se trouvent pas sur les mêmes créneaux horaires, ce qui permet à tout élève de bénéficier de l’aide dans les deux disciplines.

 

Comment les collègues procèdent-ils ?  Recueil des témoignages

L’impression dominante est celle d’une grande variété dans les choix effectués ; que ce soit pour la constitution du groupe de huit élèves (élèves désignés ou élèves volontaires, élèves en grande difficulté ou élèves ayant besoin d’une aide pour réaliser un projet d’orientation), la durée de la  présence dans le groupe (d’une heure à la période s’étendant entre deux vacances), le contenu de ces séances ( du contenu planifié avec objectifs successifs précis au travail effectué à la demande de l’élève), ou encore pour le mode de fonctionnement du groupe constitué (élèves travaillant seuls, élèves travaillant en petits groupes, les deux modes alternés, etc.)

Quelques témoignages de collègues de Lettres

 

— En début d'année de seconde, je ne connais pas mes élèves ; je divise donc la classe en petits groupes de façon à les rencontrer tous ; je repère leurs difficultés et je prépare des activités de remédiation.

— Je travaille avec une collègue ; nous choisissons un thème de travail (actuellement la méthode analytique) pour une période donnée, avec un groupe d'élèves dont nous avons repéré les lacunes.

— Je désigne toujours les élèves qui doivent venir.

— L’inconvénient de désigner des élèves, c’est qu’ils vivent cela comme une punition.

— Je ne planifie pas l'aide ; chaque semaine, j'agis en fonction des besoins. Les élèves qui viennent sont volontaires ; l'avantage est que l’on est bien en phase avec ce que l'on fait en classe entière ; l'inconvénient est que la fréquentation se fait vraiment par vagues (elle est plus forte avant les devoirs en classe ! ). L'heure d'aide ayant lieu le lundi matin de 8h à 9h, avec une heure libre de 9h à 10 h, il leur faut une forte motivation pour venir ! Dois-je être plus directive ?

— En début d'année, nous évoquons avec les élèves du groupe les difficultés qu'ils rencontrent dans les relations à la lecture. Pour organiser un plan de travail de l'année, je me suis inspiré d'une revue pédagogique pour professeurs de Lettres, dont je vais suivre le plan et qui aborde successivement plusieurs thèmes de remédiation.

— L'aide : c'est fait pour aider tous les élèves, y compris les bons élèves qui rencontrent une difficulté.

— Je trouve la correction de copies devant les élèves très formatrice : je corrige la copie d'un élève assis à côté de moi tout en commentant la correction ; lorsque l’élève a fait une erreur, il m’explique son interprétation de la question.

 

Quelques témoignages de collègues de Mathématiques

 

— Lors des corrections des premiers devoirs, je repère et je note les faiblesses de certains élèves ; je désigne ceux qui obtiennent des résultats trop faibles ; le groupe est complété par des élèves volontaires. J'utilise l'outil informatique pour approcher différemment les notions.

— C'est la première année que j'enseigne en lycée ; je demande aux élèves ce qu'ils souhaitent travailler ; je prévois des exercices très variés.

— Je forme les groupes uniquement sur la base du volontariat ; j'ai toujours plus de volontaires à l'approche d'un devoir !

— L’aide individualisée doit s'appliquer aux élèves en difficulté ; or si un élève a 10 de moyenne en maths et souhaite passer en 1re L, il n'y a aucun problème ; en revanche, s'il souhaite passer en 1re S, je considère qu'il est en difficulté. Pour moi, il est intéressant de resituer l'élève par rapport à son projet ; une fois passés les premiers mois, je travaille donc avec un groupe de 8 élèves parmi lesquels 5 ou 6 ont un projet non scientifique et 2 ou 3 souhaitent passer en 1re S et sont un peu "justes".

— J'ai toujours procédé sur la base du volontariat ; souvent les élèves ont des demandes précises à présenter et je m'emploie à y répondre.

— J'enseigne en seconde depuis toujours et je pratique l'AI depuis qu'elle existe ; je repère les difficultés en contrôle et j'impose l'aide à ceux qui en ont besoin.

 

L’unanimité se fait en revanche sur la qualité de la relation développée et sur l’intérêt de cette aide. Les collègues présents « y croient », ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de la pratiquer comme ceux qui la pratiquent depuis qu'elle a été instaurée.

Quelques témoignages :

 

— On travaille dans un climat de grande confiance ; les élèves sentent qu'ils peuvent même émettre des critiques négatives ; leur impression quant à ces heures d’aide est positive.

— Le bilan positif porte sur la prise de confiance des élèves en eux et en l'adulte ;

— L'essentiel pour moi est que s'instaure un dialogue et je travaille surtout à redonner confiance en eux aux élèves.

— Ce travail est également gratifiant pour le professeur car cela lui permet de beaucoup mieux connaître ses élèves.

 

Conclusion, quelques pistes proposées par les animateurs

— En ce qui concerne l'emploi du temps, l'absence de couplage au niveau horaire de l'aide en Lettres et de l'aide en Mathématiques représente une chance : cela donne une vraie liberté de choix.

Il est très important de bien valoriser l'aide en début d’année, afin qu'elle ne soit pas ressentie comme une punition. Il est nécessaire de consacrer du temps à la présentation de ce qu'est cette aide et de ce qu'elle n'est pas.

 

— Comment évaluer les élèves en début d'année de seconde ? Les devoirs à la maison constituent une première possibilité ; une deuxième est d’élaborer des tests en s’inspirant en début d’année des exercices des anciens cahiers d’évaluation à l’entrée en seconde, et au cours de l’année des cahiers d’aide à l’évaluation n°1, 2 et 3 ou de la banque d’outils d’aide à l’évaluation disponible sur le site du ministère.

Pour l'accès à cette banque, utiliser :
Nom d'utilisateur : item
Mot de passe : dpd871

De plus, tous ces exercices sont accompagnés de pistes de remédiation, prolongements et indications bibliographiques.

 

— La constitution des groupes : il est difficile d'avoir une position tranchée entre volontariat et désignation des élèves ; les deux ont leurs avantages et il est certainement intéressant d’envisager les deux possibilités ou même de constituer, par exemple, des groupes de 4 élèves volontaires et 4 élèves désignés.

 

— Il est conseillé de planifier le travail selon des objectifs précis et de ne pas se limiter aux demandes des élèves qui ne sont pas toujours conscients de leurs besoins. En particulier, ne pas hésiter à travailler sur des compétences de collège.

 

— Il est bon également de réfléchir à la durée de l’aide consacrée à un objectif : deux ou trois séances par exemple sur tel sujet ou telle compétence - même si au bout de trois heures on ne peut prétendre avoir résolu la difficulté.

 

— Lorsque deux groupes d'aide fonctionnent en parallèle dans une même discipline, on pourrait imaginer que des activités différentes soient proposées dans les deux groupes et que les élèves choisissent ce qu'ils désirent travailler.

 

— Les élèves rencontrent des difficultés de natures différentes : l’aide doit permettre à des élèves qui rencontrent des difficultés ponctuelles de réaliser leur projet d’orientation, mais il ne s’agit pas pour autant de constituer des groupes de soutien et approfondissement (pour passer en 1re S par exemple).

 

— Quelle évaluation finale ? Les collègues ressentent qu'ils apportent ponctuellement des réponses et aident les élèves à résoudre certains problèmes ; en ce qui concerne les élèves en grande difficulté, "on ne fait pas de miracles", mais on peut parfois éviter qu'ils ne décrochent complètement.

L'évaluation n'est pas toujours immédiate, et il serait très intéressant de suivre les élèves et d'avoir des "retours" l'année suivante : une collègue témoigne d'une élève très faible, qui était venue "obligatoirement" l'an dernier en AI et qui, cette année, double avec profit la classe de seconde et reconnaît que c'est grâce à cette aide qu'elle n'a pas complètement décroché l’année précédente.

 

— Au cours des travaux avec les élèves, on pourra valoriser l'utilisation du brouillon qui est un espace de recherche où l'on a droit à l'erreur, à la formulation approximative d’une réponse ou aux seules étapes d’une démonstration dans un premier temps.

En Lettres, c'est un exercice très intéressant d'étudier les brouillons des grands auteurs et d'analyser comment l'écrit a évolué vers sa forme définitive et au prix de quelles transformations et certainement de quel temps passé.

 

— Les avantages du dialogue rendu possible, de l'écoute et de la disponibilité ont été clairement soulignés.

 

II- Atelier disciplinaire Mathématiques

Les moyens de communication en Mathématiques dans l'académie

 

Retour sur quelques réflexions concernant l’aide individualisée en Maths

— Un des premiers objectifs de l’aide individualisée est aider l'élève à s'adapter à la classe de seconde : l'aider à gérer son temps, à organiser son travail, à organiser son écrit, ...

— Repérer les difficultés des élèves n'est pas évident (s'aider d'outils déjà prêts)

— Remédier, ce n'est pas refaire en petit groupe les même choses qu'en classe entière ; il s'agit d'être créatifs !

— Il faut dialoguer avec l'élève au sujet de sa présence en AI : à partir de difficultés repérées par le professeur, ou parfois par l'élève lui-même, l’enseignant propose un contrat à chaque élève concerné : nombre de séances à consacrer à la remédiation, objectifs de ces séances, mode de réinvestissement des compétences acquises.

— Il est important d'articuler le travail fait en aide avec le travail fait en classe entière ; on peut imaginer, par exemple, de guider les élèves du groupe dans une première approche d'un devoir à la maison donné à tous, de leur demander de faire un exposé devant la classe et /ou d’assurer à leur tour une forme de  tutorat vis à vis de certains autres élèves, etc.

Bien garder le souci de valoriser les élèves concernés par l’aide.

— Pour le travail au sein du groupe d'aide, on peut envisager toutes les situations : chaque élève travaille seul, les élèves travaillent en groupes de 2 ou 3, ils commencent à travailler seul, puis se regroupent, etc.

— Dans chacun des documents à l'attention du professeur qui accompagnait les cahiers d'évaluation à l'entrée en seconde il y avait, outre les pistes de remédiation, des indications bibliographiques. Il semble intéressant de regrouper dans son établissement ces anciens cahiers ainsi que certaines brochures recommandées, et de constituer ainsi un fonds de documents à utiliser pour évaluer les élèves et élaborer des documents ou des séances d’aide.

 

Exemples de travaux menés en aide individualisée

— Travail sur des productions d'élèves : analyse des erreurs commises par des élèves (pages d'un cahier d'évaluation concernant "sommes et produits" puis "pyramide de l'espace") ;  pistes de remédiation (dont utilisation éventuelle d'un logiciel de géométrie dans l'espace pour le 2e exercice, permettant de faire tourner la figure, d'isoler un plan de l'espace, etc.)

À partir d'une fiche destinée à évaluer certaines compétences, on prend le temps d'analyser avec l'élève les erreurs qu'il a commises, de lui faire formuler sa démarche, de se faire expliquer le cheminement de pensée qui a été le sien, en se gardant d'induire une réponse ; on a parfois des surprises : l'erreur n'est pas où on l'imaginait !

Ce travail est analogue à celui proposé dans le dossier de l'équipe académique "Un exemple" (page 7).

 

— Travail sur la démonstration : on peut proposer d’améliorer une démonstration faite par un élève ; on travaille pour cela sur la photocopie d'une copie (anonyme) d'un élève - il est conseillé d’utiliser la copie d'un élève d'une autre classe. Lorsque que l'on travaille à améliorer une production donnée, il faut se garder de donner trop vite une formulation aboutie, trop parfaite ; on peut par exemple, dans une démonstration, se contenter en premier lieu de l'organigramme. Là encore, il est important de planifier les étapes du travail que l'on proposera à l'élève.

Poursuite du travail du collège sur certaines compétences essentielles : reprise à la base du calcul littéral, avec en particulier le statut de la lettre et de l'égalité, les différents types de raisonnement, etc.

 

— D’autres exemples

Il est souhaitable d’articuler l’aide en Mathématiques avec l’aide en Français ; certaines difficultés peuvent être traitées pendant les heures d’aide en français (c’est le cas de l’exemple 2. ci-dessous) ; les professeurs de mathématiques remarquent bien souvent que certaines difficultés éprouvées par les élèves viennent de  problèmes de lecture (faire lire un énoncé à haute voix) ou de difficultés langagières.

Voir quatre exemples d'activités :

1. Faire le bon choix des mots de liaison

2. Écrire un texte argumentatif - Gérer les articulations logiques

3. Démonstration puzzle

4. Raisonnement à plusieurs arguments